La relation du pervers narcissique à la victime est toxique, car elle empoisonne la vie de celle-ci comme un poison qui détruit l'organisme.
Cette toxicité se traduit dans une violence relationnelle exercée à petit feu, en privé, en tête à tête.
En public, le pervers narcissique affiche une apparence séductrice, sympathique, faussement altruiste et "gentille". Il fascine par son aspect charismatique, envahissant l'espace par sa parole persuasive et charmeuse, envahissant le monde interne de l'autre ou sa vie privée. Cette hypocrisie se traduit par un discours adapté à la proie. Il dit à l'autre tout ce qu'il veut entendre, en repérant ses failles et ses codes.
En privé, par contre, il injecte en l'autre son vécu nié, émotions, sensations, conflits intérieurs, grâce à sa violence psychologique, physique, verbale, sexuelle ou économique. Il ne montre aucune empathie et aucune humanité.
Il se montre froid, sans coeur, calculateur, incapable d'aimer et de s'engager.
Il ne peut s'intéresser à l'autre à cause de son obsession du pouvoir.
Il fonctionne en prédateur qui veut épuiser toutes les ressources de la victime (émotionnelles, affectives, intellectuelles, financières, ...etc). Il ne laisse pas de place à l'autre pour exister.
Il lui interdit toute forme d'expression émotionnelle, de souffrance, toute manifestation de pensée propre.
L'autre n'a pas droit à la différence. Sa proie doit être un miroir de lui-même où il se mire.
Il a besoin d'être admiré, même adoré comme un dieu.
Si sa proie ne se soumet pas, elle risque des représailles : humiliation, intimidation, dévalorisation, culpabilisation, chantage, menace, rejet, abandon.
La victime terrorisée par cette menace, équivalent d'une menace de mort imminente, s'éteint, anticipe tous ses caprices.
Il se comporte comme un enfant roi de 2 ans, avec des crises de rage en cas d'opposition.
Cette toxicité tue l'autre psychologiquement.
La victime doit renoncer à son identité. Ce renoncement l'entraine vers le burnout, puis la dépression.
La victime peut faire semblant de s'adapter pour survivre.
Mais, si elle renonce totalement à elle-même, elle peut s'identifier à son agresseur, adopter certains de ses comportements, le protéger, l'excuser, avoir trop d'empathie, ...etc.
C'est une tentative de survie pour être protégée, sympathiser et plaire, pour avoir la paix (syndrome de Stockholm).
La position de vie (Analyse transactionnelle) de ces deux partenaires dans la relation est toxique.
Celle de l'agresseur est "Je suis OK, tu n'es pas OK".
Le pervers narcissique sait tout, sait pour l'autre et considère que l'autre est un incapable, un malade, un nul, un faible, ...etc.
Il se positionne en Sauveur pour lui apprendre à vivre, à penser, à agir, correctement, c'est à dire comme lui l'entend. Il nie les ressources de la victime et l'empêche de se rétablir ou de s'épanouir.
Ceci explique sa jouissance à voir l'autre s'éteindre, car il peut ainsi lui faire sentir qu'il est le Sauveur et que la victime n'est pas OK. La position de vie de la victime est "Je ne suis pas OK, tu es OK".
La victime qui reste longtemps sous emprise a des antécédents qui la rendent peu sûre d'elle, ou qui la poussent à trop culpabiliser.
Le pervers narcissique utilise cette fragilité pour "enfoncer le clou" et rendre la victime encore moins OK.
La victime est culpabilisée, dénigrée et perd de plus en plus confiance en elle.
Cette position de vie dans la relation du pervers narcissique et de la victime les rend accrocs l'un à l'autre, comme un drogué dépendant de sa drogue.
Ce sont des positions de vie complémentaires qui expliquent la toxicité du lien, son aspect destructeur. Chacun a besoin de l'autre pour vérifier ses croyances sur soi et sur le monde : "Je suis OK"(PN)/"Je ne suis pas OK"(victime), c'est à dire, "Je suis supérieur", "Je suis nul, coupable".
Ce type de lien est très présent dans notre société moderne fonctionnant sur des rapports de compétitivité et de rentabilité à tout prix.
Elle favorise les rapports de domination destructeurs, toxiques, l'exploitation et la prédation, le paraître, l'avoir plutôt que l'être, l'envie, l'insatisfaction. Elle entraîne des relations hostiles où le respect de la différence, l'amour, la bienveillance, l'empathie et la tolérance s'estompent au profit de l'insécurité, de la méfiance, de la violence.
Se libérer des traumatismes à l'origine de cette perte d'estime de soi et de la culpabilité excessive va permettre à la victime de se libérer de l'emprise.
Traiter les conflits intérieurs non résolus, identifier les émotions figées dans le corps et se reconnecter à ses ressources intérieures peut aider la victime à retrouver son identité.
Par des soins psycho-corporels, l'écoute, la bienveillance d'autrui et la reconnaissance positive d'elle-même, elle peut retrouver la force intérieure nécessaire pour prendre sa place dans sa vie, s'affirmer, fuir et/ou combattre son agresseur.
Il est important d'aller déraciner les anciens schémas de l'enfance qui ont conditionné cette mésestime de soi et cette culpabilité.
Identifier les souvenirs associés à ces croyances négatives sur soi, évacuer la peur et s'opposer à ces petites voix intérieures qui paralysent la confiance en soi, c'est retrouver l'énergie de la colère nécessaire pour s'affranchir du passé, créer du neuf et retrouver la joie.
Nous sommes des créateurs.
Ecouter notre corps nous permet de sentir ses messages et de libérer l'énergie pour nous reconstruire, libérer nos potentialités enfouies, créer de nouvelles habitudes plus respectueuses de notre bien-être et de notre épanouissement.
La victime peut retrouver une relation saine avec elle-même et avec le monde : "Je suis OK, tu es OK". Elle peut retrouver la sécurité intérieure, le plaisir, la joie, le bonheur de vivre et danser la vie.
Au niveau social, recréer des espaces de convivialité où échanger dans le plaisir, l'ouverture à l'autre, par la danse, la musique, la tendresse, l'art, une communication non-violente peut favoriser des rapprochements entre personnes, ou entre groupes, où la méfiance et l'intolérance laissent la place à la bienveillance, l'empathie, l'amour et le respect de l'autre.