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Perversion narcissique : sortir de l'emprise par la régulation des émotions

Le 05 octobre 2024
Perversion narcissique :  sortir de l'emprise par la régulation des émotions
la (co)régulation des émotions est indispensable pour sortir de l'emprise et apprendre à reconnecter ses ressources. Face à la perversion narcissique, cela facilite la contre-manipulation et la reconstruction de soi.

A. Perversion narcissique et dérégulation émotionnelle

La perversion narcissique se traduit dans la relation à l'autre par un contrôle coercitif : des comportements d'intimidation, des menaces, des mensonges, du chantage affectif, des violences verbales, psychologiques, économiques, parfois physiques ou sexuelles, ...etc. Par exemple, faire du chantage affectif en menaçant de priver d'affection, de tendresse, ou du chantage financier par la menace de déshériter si l'autre n'est pas obéissant.

Mais, ces violences sont pondérées par de la séduction, des comportements paradoxaux qui créent de la confusion mentale. Cette confusion bloque l'esprit critique, la prise de recul et empêche d'avoir du discernement. Par exemple, "Tu es merveilleux ! Tu peux mieux faire si tu y mets du tien". Cette alternance facilite l'abus de pouvoir chez ce profil de personnalité, que ce soit sur le plan affectif, hiérarchique, amical, ... etc.

Comprendre ce mécanisme d'emprise ne suffit pas pour se libérer de cette relation d'abus. En effet, l'impact des violences et de la confusion, engendrée par l'alternance de séduction et de destruction, entraîne beaucoup d'insécurité. Ces expériences provoquent une dérégulation du système nerveux et des émotions.

Le profil pervers narcissique en joue, car il pointe du doigt ces perturbations émotionnelles pour accuser sa proie de folie, de dérangement mental et pour lui attribuer l'entière responsabilité des problèmes vécus dans la relation. Il projette ainsi ce qu'il ne veut pas voir en lui. Il fait souffrir pour ne pas souffrir. Il détruit pour ne pas ressentir ce qui l'a détruit dans son passé.

La victime, sous emprise, manifeste des mécanismes de survie à cause de la dérégulation de son système nerveux. Elle se fige, se dissocie de son corps. Elle est anesthésiée pour se protéger d'un excès de stress. Ou bien elle combat, cherche à démontrer qu'elle n'est pas coupable. Sa colère est pointée du doigt par le pervers narcissique. C'est elle qui est accusée d'être mauvaise. Ou encore, elle fuit dans des addictions pour anesthésier ses émotions insupportables. Elle est accusée d'indifférence. Dans tous les cas, elle est stigmatisée.

Ces mécanismes de survie l'empêchent de trouver en elle la sécurité, les ressources nécessaires à sa libération et à sa reconstruction. L’impact des violences a un effet sur la biologie du corps. Il se traduit notamment par l'hyperactivation du corps (hypervigilance, hyperactivité mentale ou physique, par exemple), puis par l’impuissance apprise et la dépression (absence de réaction aux agressions, perte de confiance, d'estime de soi, culpabilité et honte, retrait, effacement de soi, fatigue intense, par exemple). La sérotonine, hormone du bien-être et de l'estime de soi, est en chute libre. La personne ne ressent plus les émotions agréables à cause de la dépression, du figement, du burnout. Elle se sent confuse, dans le brouillard. Elle n'identifie plus ses émotions. Son niveau d’énergie est bas, car la vie ne circule plus en elle. Elle manque de ressenti émotionnel. Dépersonnalisée, elle ne sait plus qui elle est, ce qu'elle aime ou n'aime pas, ce dont elle a besoin. L'impuissance apprise a des conséquences négatives sur sa santé physique également, car la victime, en état de survie, ne sait plus prendre soin de ses besoins, de son corps. Désespérée, elle ne ressent plus de contrôle sur sa vie. Son immunité chute et des maladies peuvent s'installer. Ou bien, ce sont les émotions pénibles qui l'envahissent à cause de la peur, de la colère ou du désespoir. Elle n’éprouve plus le goût de vivre. Cet état engendre une image négative de soi et des relations instables à cause de l’insécurité du système nerveux. Ces difficultés sont d'autant plus présentes si elle a vécu dans l'enfance des situations de violence, d'abus ou de négligence.

B. Comment réguler ses émotions ?

Faire face à l'emprise demande de récupérer l'énergie que ce profil de personnalité a vampirisée par ses violences et sa manipulation. L'énergie est souvent bloquée dans le corps à cause du figement, de la dissociation liée aux chocs durant l'emprise. La terreur est gelée dans le corps : peur d'être impuissant, nul, incompétent, ou seul. Cependant, il est possible de transformer ses peurs.

La régulation des émotions implique de créer du mouvement, de la fluidité dans le corps, en douceur. Par exemple, marcher ou trottiner dans la forêt, s'inscrire à un cours d'aquabike ou de yoga. Cela peut être simplement s'étirer régulièrement et ressentir les sensations de détente. La victime peut ainsi se sécuriser et s'apaiser. 

Prendre conscience de ce qui apaise dans l'environnement par les cinq sens facilite cette reconnexion à soi. Cela crée des sensations agréables en douceur. Une activité créatrice mobilise le corps, le coeur et l'esprit. Cela peut aider à créer du bien-être et de l'apaisement. Tapoter son corps, de la tête aux pieds, aide à sentir à nouveau la vie en soi. Prendre soin de son corps, de soi, régule le système nerveux.

Il est possible, ensuite, d'apprendre à mieux identifier ses sensations et ses émotions pour mobiliser les ressources nécessaires à leur apaisement. Identifier la peur permet, en effet, d'être prudent, attentif afin de fuir le danger s'il y en a. La conscience de l'émotion permet de trouver une ressource de sécurité. La colère, le dégoût aide à repousser ce qui ne nous convient pas si nous ne nous sentons pas respectés dans notre intégrité, nos valeurs. Utiliser cette énergie de la colère pour poser nos limites nous libère de la douleur liée à l'immobilisation et à l'impuissance apprise. La joie et la sérénité facilitent le lien avec autrui par la tendresse, la connexion du regard. Cette expérience positive encourage à répéter cette expérience agréable. La tristesse met en évidence la frustration du besoin d’appartenance, d’amour ou de reconnaissance afin de faire un deuil. La surprise nous confronte à l'inattendu, positif ou négatif afin de pouvoir traverser cette expérience.  

La peur se traduit dans le corps par des palpitations, des mains moites, des tremblements, de la transpiration, par exemple. La colère apparaît si nous observons des palpitations cardiaques, une chaleur intense, une respiration saccadée, une tension dans le corps, par exemple. La tristesse, au contraire, ralentit le rythme cardiaque. Elle crée de la lourdeur, des sensations de froid, de la douleur, un manque d'énergie, tant qu'elle n'est pas exprimée. la respiration se réduit au minimum. La joie crée de la chaleur dans le corps, une détente agréable. L'énergie devient fluide dans le corps. Le  dégoût donne l’envie de vomir, crée des nausées.

Faire une pause quand le mal-être apparaît facilite l'accueil et la régulation des émotions. La respiration de la cohérence cardiaque ou le tapotement en alternance d'une  épaule et de l'autre, par une respiration profonde, facilite l'accueil des émotions sur un rythme 4/6, quatre secondes à l’inspire et six secondes à l’expire. Cela stoppe l'impulsivité et cela apaise le système nerveux. Le cerveau reptilien, cerveau de la survie, ne prend plus le dessus par des comportements impulsifs de combat, fuite ou figement.

Observer et accueillir l’émotion permet de comprendre, ensuite, ce qui l’a déclenchée, un souvenir ou la situation présente. Cette compréhension passe par la zone centrale du cerveau, le cerveau limbique, centre des émotions. Il met en lien cette situation avec un souvenir du passé à l'origine de l'émotion. Par exemple, le souvenir d'une figure d’attachement intrusive dans l’enfance peut être réactivé si quelqu'un propose son aide ou donne un conseil sans qu'on l'ait demandé. La peur d'être piégé, impuissant peut susciter un comportement du figement. Ou bien, la colère de ne pas se sentir libre peut envahir le corps et susciter des comportements de révolte, des paroles de colère.

La régulation de l'émotion par l'observation, l'accueil des émotions et la compréhension de sa cause, implique le cerveau pré-frontal, zone haute du cerveau. Cette zone facilite la prise de recul, l'analyse de la situation, grâce à un esprit clair, en état de sécurité. Nous pouvons faire le lien entre l'émotion et le besoin frustré. Nous sommes capables d'accéder à des ressources pour apaiser l'émotion grâce à cet état de sécurité. Cet état crée, en effet, des sensations d'apaisement comme la légèreté, la chaleur agréable, la fluidité, la respiration calme et profonde, l'ouverture du corps, la présence à soi et aux autres. Nous pouvons ainsi faire des choix qui sont bons pour nous. 

Cette capacité à accéder au souvenir engendrant la peur tout en restant en sécurité dans le présent est la double conscience : conscience de soi, en sécurité dans le présent et conscience des émotions, sensations associées au souvenir désagréable. Il est possible de s'entraîner à prendre du recul par la méditation pleine conscience ou d'autres approches similaires. Cela nécessite d'adopter chaque jour un petit rituel pour apprendre à s'observer dix ou vingt minutes chaque jour à la même heure, au même endroit. Progressivement, cette observation va se généraliser.

Avec l'entraînement, la double conscience facilite le retour rapide dans la fenêtre de tolérance de notre système nerveux. La fenêtre de tolérance est un état d'apaisement grâce aux ressources reconnectées. Plus la fenêtre de tolérance est grande, plus nous sommes capables de faire face aux situations sans être précipités en dehors de cette fenêtre. La victime d'un individu pervers narcissique a une fenêtre de tolérance réduite tant qu'elle est en état de survie. Elle peut apprendre à faire face à la perversion narcissique et à ses mécanismes destructeurs ou séducteurs beaucoup mieux. Le coaching avec la thérapie polyvagale et la psychothérapie EMDR facilitent cet apprentissage pour reprendre le pouvoir sur sa vie.

La co-régulation des émotions par une personne-ressource, un psychothérapeute, peut être un modèle à intérioriser pour la régulation de ses émotions, par la suite. En effet, souvent, la proie d'un profil pervers narcissique n’a pas acquis de modèle de régulation durant son enfance. Elle a souffert d'une insécurité dans ses relations d'attachement. Cette co-régulation lui permet de développer des compétences, mais aussi de la bienveillance et de l'empathie pour soi. Elle découvre la valeur adaptative de son comportement dans le passé, au moment du traumatisme. Dans son livre « Théorie polyvagale et sentiment de sécurité », S. Porgès rappelle que la personne-ressource, sans jugement, aide la victime à comprendre que c’était un mécanisme adaptatif digne d’un héros et qu'il lui a sauvé la vie à ce moment là.  

C. Contact

Si l'apprentissage de la régulation des émotions vous est nécessaire, ou si vous faites face à l'emprise, à la perversion narcissique, vous pouvez contacter Christine Calonne psychothérapeute à Namur et à Liège en Belgique +32 42 90 58 14. Vous pouvez lui écrire sur son formulaire contact. C'est possible également de faire des séances en psychothérapie EMDR et thérapie polyvagale par visioconférence. Vous pouvez aussi lire "Les victimes de pervers narcissiques, guérir le traumatisme", paru aux éd. Ellipses, col. Récits et témoignages, ou 100 questions/réponses.