La relation avec un pervers narcissique, malgré les "bons" moments, est entachée de violence psychologique, car celui-ci attaque l'autre par peur inconsciente d'être attaqué et par désir de vengeance à l'égard des agresseurs de son enfance.
Ces "bons" moments ne sont qu'une stratégie de manipulation.
Elle vise à maintenir l'emprise sur la victime.
Cette violence psychologique est souvent sournoise.
Le chantage affectif se traduit par des phrases comme "Tu ne peux me quitter, car j'ai tout fait pour toi, je me suis sacrifié pour toi, ... Je ne peux pas vivre sans toi, sinon je me suicide ... ".
La dévalorisation s'exprime par une attaque de la personne de l'autre "Tu n'es pas capable de réussir ce projet", "Tu es fainéant, incapable", "grosse fesses, grosse vache, gros porc, ...".
Le pervers narcissique sape l'enthousiasme, la joie de vivre de sa proie en tirant la tête, en pointant toujours l'erreur, la faille. Il veut toujours avoir le dernier mot et crée des discussions où l'agressivité domine, ainsi que la non reconnaissance du vécu, du point de vue de l'autre. Il juge. Il accuse l'autre à cause de ses angoisses paranoïdes inconscientes "Tu l'as fait exprès de mettre des oignons que je déteste dans le plat !" Il fait passer sa violence sous le couvert de l'humour "Pauvre petite chose !".
Si la victime veut aborder un sujet important, il fait diversion, change de sujet et la victime se sent frustrée, niée. Il oublie les moments importants pour l'autre, comme son anniversaire, la fête d'une réussite, la remise d'un diplôme, ...etc.
Il ne montre pas de sentiment, d'empathie et prive affectivement l'autre, par exemple en ne l'appelant pas pendant une semaine après un weekend de rêve en vacances.
Il refuse le dialogue et culpabilise l'autre par un silence boudeur.
A l'extrême, il humilie l'autre en public, avec des regards de mépris, de haine, une écoute aversive, ...
De nombreux mensonges, non-dits contribuent à cette violence.
ll se réjouit quand l'autre est malade, déprimé et ne supporte pas quand la victime montre ce qu'elle fait de bien avec joie ou quand elle va mieux "A ça va toi ! T'as bon appétit !", dit sur un ton exaspéré.
Les passages à l'acte violents existent parfois en privé sous la forme de l'inceste, l'incestuel, des coups, en mêlant l'enfant à la vie sexuelle des parents, en refusant à l'enfant le droit d'avoir une chambre, en faisant des blagues sexuelles à l'enfant, en inversant les rôles pour se confier à l'enfant, pour se faire valoir et satisfaire son narcissisme à travers l'enfant. Ou bien, il peut donner à l'enfant des responsabilités qui ne sont pas de son âge, qui sont humiliantes.
Toutes ces violences psychologiques engendrent chez la victime un stress chronique et ce stress cache un vécu d'angoisse intense. La victime anticipe la violence et marche sur des oeufs continuellement.
Elle craint les représailles, car elle perçoit que le pervers narcissique veut lui nuire et se venge dès qu'elle ose exister, donner son avis, exprimer un sentiment, une émotion, un avis qu'il ne supporte pas.
Ce stress à long terme peut créer des maladies graves et réduire petit à petit la confiance en soi, l'estime de soi, la capacité à s'affirmer.
La victime peut en arriver à s'affaiblir tellement qu'elle peut perdre son travail et être isolée (burnout).
La victime se laisse souvent reséduire, persuadée qu'elle s'est trompée.
Elle est culpabilisée. Elle se décrédibilise aux yeux de l'entourage qui en vient à croire que c'est elle le problème. Elle se retrouve isolée et cela fait partie des violences subies.
Il est donc important, vital pour la santé physique et mentale de la victime de rompre avec un conjoint ou un parent pervers narcissique.
Une fois que la victime a compris le fonctionnement du pervers narcissique, elle peut se motiver à cette séparation pour se protéger et protéger ses enfants.
Il est alors important de contre-manipuler pour y arriver.
Contre-manipuler, c'est cesser de croire au changement possible du pervers narcissique, car il ne se remet pas en question en attaquant pour ne pas être attaqué. Le pervers narcissique vit en état de guerre perpétuelle.
C'est se décider à s'autoriser de se donner la priorité dans sa vie. Se donner la priorité, c'est prendre soin de soi, se protéger, écouter ses émotions et ses besoins niés par le pervers narcissique. C'est rétablir la vérité auprès des proches, non en accusant le pervers narcissique, mais en montrant par des exemples concrets la violence subie.
Cela suppose d'abandonner tout désir de jouer le médiateur entre les parents, de vouloir aider quelqu'un qui ne veut pas être aidé.
Retrouver la sécurité intérieure, des ressources intérieures permet de retrouver la force nécessaire pour se préparer à fuir. Consulter divers spécialistes pour y arriver est nécessaire : psychologue, sophrologue, hypnothérapeute, nutritionniste, professeur de yoga, ...etc.
Rétablir la vérité, c'est clarifier les non-dits, les mensonges.
Expliquer le fonctionnement pervers narcissique à l'entourage permet de retrouver sa place parmi ses proches, ses amis.
Il s'agit de se préparer à faire face aux représailles : bloquer le numéro de téléphone, tout moyen de contact, ou ne répondre aux emails qu'à certains moments préétablis, répondre aux agressions verbales par des phrases floues "c'est toi qui le pense", faire de l'humour, refuser d'ouvrir s'il vient sonner à la porte, porter plainte s'il y a harcèlement, ...etc.
Prendre du temps pour soi, pour s'entourer de personnes ressources qui aident à se rétablir est essentiel.
Faire sa liste des comportements violents et les relire aide à ne plus flancher.
Il est nécessaire de couper tout accès aux comptes propres, d'empêcher toutes représailles financières.
Garder les mails, les sms passés fait partie de cette préparation.
Travailler sa culpabilité, sa peur de se retrouver seul est important, car la victime a été amenée à vivre une relation de dépendance affective semblable à l'effet d'une drogue à cause de la manipulation perverse.
Le sevrage est dur et doit être accompagné.
S'autoriser à ne plus aimer un parent pervers narcissique est difficile, car notre culture enseigne l'obligation d'aimer ses parents, mais pourquoi devoir aimer quelqu'un qui ne vous aime pas ?
Le parent pervers narcissique ne peut pas aimer, car il ne respecte pas l'autre, ne l'entend pas, n'écoute pas ses émotions, ses besoins, ses pensées propres.
Il détruit l'identité de l'autre, car il se venge des violences de son enfance où il a été détruit d'une manière ou d'une autre.
Il n'autorise pas son enfant à prendre son envol et à s'autonomiser.
Mais, l'enfant devenu adulte peut se donner ce droit fondamental en coupant les ponts pour enfin vivre et se permettre d'être heureux.
En tant que conjoint victime d'un pervers narcissique, c'est protéger ses enfants de cette violence psychologique et/ou physique et se protéger soi.
C'est donner un modèle de respect de soi, d'autonomie, d'assertivité à ses enfants afin qu'ils puissent se libérer à leur tour de l'emprise et grandir en aspirant à des valeurs de liberté, de respect et d'autonomie.
Ce modèle leur permettra de ne pas s'identifier au parent agresseur et de ne pas transmettre à leurs enfants cette violence relationnelle.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire le dernier livre de Christine Calonne, psychologue spécialisée dans l'aide aux victimes de pervers narcissiques "Les pervers narcissiques, 100 questions réponses", éditions Ellipses 2016.