La perversion narcissique est un type de personnalité difficilement imaginable pour beaucoup.
En effet, la prédation est ce qui caractérise le mieux le fonctionnement du pervers narcissique.
Beaucoup ne peuvent concevoir que des prédateurs humains existent et organisent consciemment la destruction de leur proie.
Contrairement aux autres prédateurs, ceux-ci attaquent par désir de pouvoir et jouissance à détruire.
Quand les victimes sont revenues des camps de concentration, après la guerre 40-45, on ne les croyait pas.
La solution finale est le modèle extrême de la volonté calculée du pervers narcissique (dans ce cas, Hitler) de détruire sa proie.
Cette prédation vise toutes les ressources de l'autre : psychologiques, énergétiques, matérielles, relationnelles, financières, intellectuelles, créatrices, spirituelles.
Le pervers narcissique tente d'obtenir le pouvoir absolu dans la relation à l'autre et à son environnement pour survivre à un état de mort interne.
Il ne ressent ni sentiment, ni émotion, ni culpabilité, ni honte, si ce n'est la haine de l'amour, la haine de toute manifestation vitale et de tout désir d'autonomisation chez l'autre.
Il ne peut reconnaître l'autre, reconnaître la différence, car il n'a pas été reconnu.
Son désir d'être reconnu est insatiable et passe par l'obtention des attributs du pouvoir.
Il tente à tout prix d'obtenir la reconnaissance et le pouvoir pour éviter de ressentir la souffrance de ne pas avoir été reconnu pour lui-même durant son enfance et son adolescence.
Il a été maltraité psychologiquement et/ou physiquement, abusé narcissiquement ou sexuellement.
Cette maltraitance a imprimé dans son corps et son esprit une telle douleur qu'il a préféré se couper de lui-même, de ses émotions et de ses sentiments.
Il a fait le choix de ne plus souffrir en faisant souffrir les autres grâce à sa position de pouvoir.
En faisant ce choix durant l'adolescence, il était conscient du mal qu'il s'apprêtait à faire.
Il était conscient qu'il devenait un prédateur humain.
Le pervers narcissique veut se venger de la souffrance qu'on lui a infligée.
Cette hostilité s'exprime par ses actes de prédation.
Il vole à l'autre ce qu'on lui a volé, la vie, le sentiment d'exister, d'avoir une valeur propre.
C'est un vol d'âme qui se fait par un assassinat d'âme (la destruction de l'identité), car le pervers narcissique prémédite la destruction de sa proie.
Il détruit consciemment et à petit feu la victime par un harcèlement moral au quotidien.
Ce harcèlement est une atteinte à la dignité de la personne par toutes sortes de violences insidieuses et récurrentes (psychologiques, verbales, sexuelles, économiques, physiques).
Les représailles accompagnent toute tentative de la victime d'exister, de manifester sa différence, de s'autonomiser.
Petit à petit, il épuise la victime, la vide de toutes ses ressources pour se les approprier.
Il l'instrumentalise en la considérant comme un objet à consommer, dresser, dominer, manipuler, exploiter, puis jeter.
Cette atttitude destructrice est machiavélique, puisqu'elle est basée sur un calcul froid, sans culpabilité, sans remords.
C'est ce calcul, cette rationalité sans scrupule qui le rend responsable de ses actes et qui en fait un assassin sur le plan moral.
Comme la victime s'épuise et s'auto-détruit à force d'être maltraitée, on peut considérer qu'il est responsable de la déchéance dans laquelle il l'a précipitée consciemment : addictions, burnout, dépression, mise en échec de sa vie professionnelle, affective, relationnelle, ...etc. L'auto-sabotage a souvent pour conséquence le suicide.
Mais, les représailles du pervers narcissique peuvent entraîner, pour renforcer sa dictature, des violences physiques graves.
Dans la relation amoureuse, la prise de distance de la victime peut être dangereuse pour sa survie si elle n'est pas bien organisée pour se protéger.
Sur le plan d'un groupe ou d'une nation, le pervers narcissique renforce sa dictature par des mesures sécuritaires violentes qui ne respectent pas les droits de l'homme et la protection de la vie (liberté d'expression, liberté de manifester, liberté de la presse, ...etc).
La prise de conscience de l'existence de la prédation humaine et de la perversion narcissique permet de prendre du recul par rapport à l'emprise de cette personnalité.
L'esprit critique préservé ou reconstruit favorise les attitudes de protection de soi et de protection de la vie en soi comme autour de soi.
Il s'agit de poser ses limites fermement, de prendre la responsabilité de sa différence, de sa pensée et de ses besoins et désirs propres.
Oser être soi-même et se l'autoriser est la condition pour pouvoir contre-manipuler une personnalité aussi destructrice.
Reconnaître et affirmer ses droits, reconnaître ses failles et les soigner (culpabilité excessive, manque d'estime de soi, manque de limites, excès d'altruisme et d'empathie surtout) évite de se laisser piéger dans des attitudes d'impuissance apprise ou de peur.
Le pervers narcissique utilise l'intimidation pour paralyser ses victimes et les dominer.
Retrouver ou préserver sa puissance intérieure est vital pour lui faire face et éviter la culpabilité excessive, la perte d'estime de soi et la perte de sa liberté.