Christine Calonne est spécialisée dans l'aide aux victimes de violences familiales, conjugales et professionnelles, particulièrement celles des pervers narcissiques.
Dans ses recherches, elle a constaté les différences et les points communs entre personnalité perverse, narcissique, perverse narcissique.
C'est la confusion fréquente entre ces termes qui a fait perdre son crédit à la notion de perversion narcissique, entité à part entière, mais mal comprise et non reconnue par beaucoup.
Elle se caractérise par la volonté de pouvoir machiavélique, car elle est constante et sournoise par ses aspects séducteurs à travers toutes sortes de stratégies relationnelles manipulatrices.
Ces stratégies inversent complètement les choses, les valeurs humaines disqualifiées au profit d'un culte de l'inhumanité, de l'insensibilité, une vision du monde matérialiste, basée sur le paraître, dénuée de sens, de vie, enseignant l'anti-relation, l'anti-vie.
La personnalité perverse vise la domination, l'emprise sur l'autre afin de le déshumaniser et de l'exploiter.
Elle vise à projeter en l'autre la part clivée, inacceptable de soi-même (souffrance, émotions, ressentis, culpabilité, honte, amour, tendresse, ...).
Cette personnalité lutte par le déni contre l'angoisse inconsciente de perte (perte de pouvoir, perte de l'être aimé, perte de statut, ...).
La violence psychologique et/ou physique vise la destruction dont le pervers jouit avec un sadisme ou un masochisme moral (jouir de la souffrance infligée à l'autre ou de sa propre souffrance infligée par l'autre). Elle s'exprime de façon impulsive et au grand jour.
La personnalité perverse vise la jouissance et ne se cache pas derrière une apparence morale, des valeurs.
En perte de pouvoir, cette personnalité peut plonger dans la dépression et une évolution est possible dans le cadre d'une psychothérapie approfondie.
Elle se caractérise par la volonté d'être admirée sans mesure (ego sur-dimensionné), en se sentant supérieure, en croyant être comprise seulement par les individus supérieurs comme elle.
Elle rabaisse les autres, par le mépris, le dénigrement, la culpabilisation, toutes les stratégies de manipulation, afin de paraître, de réussir à tout prix, ...
Comme la personnalité perverse, cette personnalité est sans empathie, déshumanisée et déshumanisante, mais son objectif n'est pas la jouissance à détruire. C'est le désir d'être reconnu et admiré.
C'est la volonté de paraître, réussir, briller, quitte à écraser les autres.
Les techniques de manipulation, de séduction sont les mêmes, mais l'intention diffère.
La personnalité narcissique croit aussi que tout lui est du et agit sans culpabilité.
Le sentiment d'infériorité sous-jacent est nié.
Mais, elle peut connaître en périodes de perte de pouvoir des phases de dépression et de remise en question avec la possibilité d'évoluer par une psychothérapie approfondie.
Par contre, la personnalité perverse narcissique combine ces caractéristiques séductrices, manipulatrices, cette volonté de pouvoir, avec des violences psychologiques et/ou physiques dans un fonctionnement à part entière. Elle lutte contre une angoisse inconsciente de persécution, une angoisse paranoïde.
Le pervers narcissique attaque avant d'être attaqué, soupçonne l'autre de malveillance.
Il a verrouillé en lui toute faille pour se prémunir de son vide intérieur, de ses angoisses inconscientes de disparaître dans le néant et d'être détruit par l'autre.
Il lutte contre un délire de persécution ou d'anéantissement qui le ferait basculer dans la psychose et non dans la dépression névrotique commune.
Plus il est proche de la psychose, moins il est calculateur.
Plus il est proche de la névrose, plus il est stratégique, rationnel, machiavélique.
Il se cache derrière des apparences moralisatrices, des valeurs qu'il n'a pas.
C'est la raison pour laquelle il ne consulte pas ou rarement.
C'est le cas s'il perd tout pouvoir et est submergé par ses angoisses.
On le voit en psychothérapie dans les cas de luttes de pouvoir dans le couple, dans la famille.
Il consulte pour gagner, par intérêt et non pour se remettre en question.
La réussite d'un traitement est donc beaucoup plus faible, contrairement à la personnalité perverse ou narcissique en perte de pouvoir, en dépression.
La victime dans tous les cas n'a d'autre issue que de fuir l'emprise, car la remise en question, l'écoute, l'amour est impossible sans la perte de pouvoir que la personnalité narcissique, perverse, perverse narcissique refuse.
Comprendre le fonctionnement de la personnalité perverse narcissique permet de contre-manipuler, la seule solution pour se protéger, car le dialogue est impossible, la spontanéité à éviter.
Tout ce que la victime dit à son agresseur peut être utilisé après pour la détruire.
Une aide spécialisée est nécessaire à la victime pour pouvoir reconstruire son identité anéantie, retraverser les traumatismes pour s'en libérer, se protéger, retrouver la capacité à ne plus se laisser faire, à poser ses limites, retrouver ses capacités à respecter ses droits, ses besoins, comprendre ses failles et éviter de répéter ce type de relation toxique qui tue l'âme et le corps (les risques de maladie et de suicide s'aggravent proportionnellement au temps passé à fréquenter ces personnalités destructrices). C'est particulièrement vrai si la victime était déjà dans l'enfance maltraitée (vulnérabilité au niveau des limites, de l'estime de soi et de la culpabilité).