Les violences verbales sont omniprésentes dans le comportement d'une personnalité perverse, puisque son moteur est l'intention de nuire, l'hostilité.
Cette hostilité provient de sa culture familiale d'origine, une culture de la haine, basée sur la croyance en la loi du plus fort : "Il faut être fort, insensible, dur, cruel pour survivre". Le mépris de l'amour et de la sensibilité y est valorisé.
Entretenir des rapports de domination maître-esclave fait partie de cette culture sans amour. Cette domination est possible par les agressions verbales réccurentes à l'égard de la proie, réduite en esclavage, affaiblie de plus en plus avec le temps.
Aucune communication authentique (parler en "je", en exprimant son émotion, son besoin, son désir, chercher le rapprochement) ne peut apparaître dans ce type de relation, puisque le contrôle de l'autre, la domination, la manipulation est de mise.
L'authenticité est, en effet, l'expression de la part vivante, spontanée et sensible de soi. Elle permet de solutionner le conflit, de se rapprocher affectivement de l'autre, de comprendre son point de vue et d'être compris, dans un climat de sécurité.
L'individu avec une personnalité perverse s'est dissocié complètement de sa part sensible, féminine, de son enfant intérieur. Il ne reconnaît que la virilité, la volonté de gagner, dominer. La masculinité n'est pas la virilité. Elle vise à s'affranchir, à conquérir la liberté de penser, sans dominer.
La personnalité perverse survit et retrouve une étincelle de vie par les disputes continuelles qu'elle entretient avec sa proie.
Cependant, cette personnalité alterne les disputes avec des moments de répit afin de maintenir l'emprise et la dépendance affective de sa proie.
Dans ces moments de répit, elle fait croire à l'amour, mais ce n'est que de la manipulation pour maintenir cette emprise (flatteries, cadeaux, moments spéciaux avec la victime, offre de protection, de privilèges, fausse écoute, ...etc). Le pervers ment continuellement, mystifie l'autre, évolue continuellement avec des masques.
La proie reprend espoir, tente à nouveau d'apaiser son agresseur et vit le phénomène de l'addiction relationnelle, semblable à l'addiction à un produit. Stressée par ces violences verbales, elle tente d'apaiser l'agresseur pour s'apaiser elle-même. Ces moments de répit créent en elle l'espoir, un état de bien-être ponctuel, mémorisé dans son inconscient et associé aux violences verbales. Elle en devient dépendante comme un drogué à sa drogue, car elle n'a pas appris à reconnaître les violences verbales dans son enfance. En effet, elle a pu être habituée très tôt à cela et c'est devenu la norme. Elle a été programmée à se culpabiliser, à ne pas reconnaître sa valeur, son importance. Elle a été programmée à se soumettre et à s'oublier. Stressée, elle a survécu, mais en devenant très sensible, centrée sur l'autre, soucieuse de satisfaire les besoins de l'autre, avec l'espoir d'être enfin aimée et reconnue. Ou bien, elle a été éduquée à être "gentille", à être à l'écoute de l'autre, à s'oublier, à tendre la joue et à "pardonner". Elle a appris à réprimer sa colère pour être aimée et reconnue (éducation à la soumission, éducation religieuse). Trop empathique avec autrui, elle a oublié de prendre soin d'elle et de s'aimer. Inconsciemment, elle va vers des individus pervers qui vont entrer dans son programme inconscient pour le renforcer et la dominer facilement.
Cependant, la violence perverse s'accroît avec le temps que ce soit sous formes de violences verbales ou de plaintes (positionnement en victime pour dominer et culpabiliser la proie).
Les agressions verbales ont différents degrés. Yvan Wiart, dans son livre "La perversion relationnelle" décrit différents degrés dans les violences verbales :
- Premier degré :
1) Le chantage : ex. "Si tu me quittes, je me tue", "Si tu es une gentille fille, descends mes bouteilles à la cave", "Si tu ne parles pas à table, tu pourras jouer plus longtemps avec tes jeux vidéos", ...etc.
2) La dévalorisation : ex. "Tes idées sont nulles. Tu as encore raté ton entrée ce soir. Tu es incapable de réussir quoi que ce soit dans ta vie. Tu es trop bête. Tu n'as pas les compétences voulues. As-tu réellement le diplôme que tu déclares avoir ? Tu n'es pas l'enfant que j'aurais voulu avoir. Tu es moche".
3) La sape : Il s'agit de saper l'enthousiasme, la joie de vivre de l'autre, par exemple, en soufflant continuellement dès que l'autre est là, en le dévisageant, en le regardant de la tête aux pieds, en soulignant tout ce qui ne va pas, ...etc.
4) La contradiction : Le pervers va systématiquement contredire l'avis de l'autre, pour avoir le dernier mot, pour dominer. Il coupe la parole, dévoile la faille, l'erreur pour humilier.
5) Le jugement et la critique : ex. "Tu es quelqu'un de froid. Tu n'es pas gentil. Tu laisses toujours tout traîner. Tu aurais pu mieux faire". L'agresseur évite de parler en "je", de dévoiler ses émotions et ses besoins, de parler de sa souffrance, pour garder le pouvoir.
6) L'accusation et le reproche : ex. "A cause de toi, j'ai raté ma carrière. Je ne peux jamais compter sur toi. Au cause de tes crises, ta mère est partie". L'agresseur s'attaque à la personne de l'autre, plutôt que de décrire des comportements-problèmes, précis et modifiables.
7) La fausse plaisanterie : Sous le couvert de l'humour, il défoule son agressivité et critique la victime qui ose dire que ce n'est pas marrant, en la traitant de rabat-joie.
8) Le blocage et la diversion : L'agresseur évite de donner des informations compromettantes pour lui, en changeant de conversation, en s'arrêtant de parler, en quittant la pièce, en boudant parfois pendant des semaines.
9) L'oubli : L'agresseur oublie les évènements importants pour l'autre, comme par exemple, son anniversaire, la date d'obtention de son diplôme, l'anniversaire de mariage, ...etc.
10) La retenue : L'agresseur observe l'autre pour repérer ses failles, pour éviter de donner de l'information qui pourrait l'affaiblir et risquer d'être démasqué. Il refuse le dialogue et l'expression de ses émotions, sentiments, besoins, demandes vulnérabilisant sa personne.
- Deuxième degré :
11) Le silence : L'agresseur ne donne pas de signes de reconnaissances positifs (compliments sincères, encouragements), refuse de s'excuser s'il a été blessant ou refuse de dialoguer.
12) Le discrédit : Il minimise ses paroles blessantes afin de blesser encore davantage l'autre.
13) Le déni : Il nie tous ses comportements blessants, verbaux ou non verbaux.
- Troisième degré:
14) L'humiliation publique : La personnalité perverse peut humilier publiquement, car elle est impulsive et peut décharger sa violence devant témoins, contrairement au pervers narcissique, plus contrôlé et stratégique. Celui-ci agresse violemment sa proie "entre quatre yeux".
Au deuxième degré, il est pire, en effet, de ne recevoir aucun signe de reconnaissance (silence, discrédit, déni) que des signes de reconnaissance négatifs. L'humiliation publique, au troisième degré, intensifie davantage la violence verbale, puisqu'il y a des témoins.
Chercher à dialoguer est inutile, puisque cette personnalité est animée par la volonté de nuire. Rester dans l'indifférence polie évite la dispute et l'escalade. Le dialogue et la gestion de conflit conviennent lorsqu'il y a désir de rapprochement, de négociation et d'entente.
Le pervers de caractère cherche à mettre la victime à bout, pour mieux la dévaloriser, la culpabiliser, la faire passer pour folle, malade, violente. Il se nourrit des émotions de sa proie. Apprendre à gérer ses émotions évite de nourrir la personnalité perverse. Privée de nourriture, elle va chercher ailleurs à se sustenter. Privée d'esclave, elle va chercher à poursuivre son jeu de domination avec quelqu'un d'autre.
Rester flou s'il faut discuter, répondre avec des phrases courtes et floues ("c'est ton point de vue, c'est toi qui le dis, c'est possible, ...etc.") permet de rester centré sur les faits, sur le problème concret à résoudre.
Ne livrer aucune information sur soi (émotions, sensations, besoins, faits, évènements, ...etc) permet de se protéger de l'envahissement psychique et des tentatives d'emprise de l'agresseur.
Fuir et rester à distance est la solution la meilleure.