La perversion narcissique est un type de personnalité qui est fondé sur la haine de l'amour.
Le pervers narcissique s'enorgueillit de ne pas ressentir de sentiment d'attachement, de dépendance, de manque, de souffrance liée à la perte ou à la séparation.
Cet orgueil est basé sur la croyance limitante suivante : "Le monde est dangereux, mauvais. Si on veut survivre dans ce monde cruel, il faut être cruel, invulnérable, insensible, tout-puissant". Il recherche à tout prix le pouvoir pour survivre et ne pas être anéanti par l'autre.
Il considère la personne aimante comme une personne méprisable, idiote, une personne qui n'a rien compris à la vie. Il se sent supérieur à elle, car il croit avoir tout compris sur le monde.
Il est pétri de la certitude que vivre, c'est survivre, c'est-à-dire aller au combat, anticiper les agressions, avoir toujours trois coups d'avance. Il attaque avant d'être attaqué, puisqu'il est convaincu que l'autre est son ennemi.
Incapable de créer des liens d'attachement à cause de cette insécurité affective, il vit dans un état de guerre permanente et interprète les comportements d'autrui sur ce fond d'insécurité inconsciente.
Il est dissocié de ce sentiment d'insécurité, associé à une peur profonde de la relation humaine.
Il contrôle tout, son corps, autrui, son environnement pour ne rien ressentir, particulièrement la douleur, la souffrance de son vécue dans enfance. Il vit dans le déni de cette souffrance pour garder un contrôle absolu sur son corps, sur autrui, obtenir toujours plus de pouvoir.
Déshumanisé, il cherche à déshumaniser la relation. Il tient l'autre à distance et redoute inconsciemment d'être compris, aimé, soutenu, secouru.
Cette mise à distance, ce contrôle est présent dans la relation d'emprise.
Dans l'emprise, il domine la victime par sa séduction, en alternance avec des violences verbales, psychologiques, physiques, économiques ou sexuelles, à huit-clos.
Cette emprise réduit l'autre à l'état d'objet qu'il peut instrumentaliser, exploiter. L'autre n'est, de cette façon, plus menaçant.
Il ne veut pas qu'on l'aime, encore moins qu'on l'aide et qu'on veuille le sauver. La tendresse, la bienveillance, l'altruisme, l'écoute empathique, l'attention à l'autre, ce n'est pas pour lui.
La victime, souvent, manifeste le complexe du sauveur. Elle veut aider, porter les valises de l'autre avec un excès d'altruisme et de concessions. Par empathie, elle veut aider le pervers narcissique. C'est ce qui la piège dans ce type de relation.
Elle perçoit la souffrance inconsciente de celui-ci, l'aspect dysfonctionnel de sa famille d'origine (famille marquée par l'absence d'amour, l'idolâtrie, les relations violentes, l'instrumentalisation, l'objectalisation d'autrui, l'absence de dialogue, ...etc).
La victime veut aider le pervers narcissique à comprendre comment il a été victime de ce dysfonctionnement.
Elle veut l'aider à changer. C'est souvent elle qui demande de l'aide au psychothérapeute.
Cette capacité à aimer avec générosité, empathie, bienveillance, soutien, il en est dépourvu.
Il envie cette énergie dont dispose la victime, mais en même temps, il la redoute inconsciemment et il attaque son identité pour la réduire à néant.
Le pervers narcissique se sent menacé par cet amour qui pourrait le sortir de cet état de dissociation où il ne ressent plus rien, aucune souffrance, aucune douleur, aucun sentiment, aucune empathie pour l'autre.
Il s'est efforcé de se dissocier de cette souffrance vécue étant enfant.
Il a choisi la haine de l'amour, la haine du lien à l'autre. Il a réussi ce déni du lien, de l'insécurité de ses attachements d'enfant en faisant souffrir autrui.
Il s'est construit sur la croyance que l'amour est l'apanage des faibles et qu'il faut combattre, se battre pour survivre.
Il est prêt à tout pour consolider cette forteresse qu'il a construite autour de lui et qui renforce son sentiment de toute-puissance.
Se sentant menacé par la bienveillance, l'empathie et la générosité de la victime, il décharge cette tension et l'attaque violemment.
Il alterne sa violence destructrice avec des comportements de séduction afin de maintenir l'emprise, sa domination.
Il excuse ses comportements violents en invoquant son enfance malheureuse, son stress, ou en culpabilisant la victime. C'est sa faute s'il est violent. Elle l'a cherché.
Il projette sur elle ce qu'il est et l'accuse d'être dure, sans coeur, méprisante, froide, violente, dominante.
Tant que le pervers narcissique maintient son choix de la haine, personne ne peut accéder à son être et l'aider.
Il n'a plus accès lui-même à son monde intérieur, à ses conflits psychiques, à ses émotions, à ses besoins profonds.
Idolâtré et réduit à l'état d'objet dans son enfance, il a choisi de devenir un dieu, un gourou pour consolider son image d'idole, sa toute-puissance narcissique.
Il demande à la victime de l'idolâtrer et si elle refuse, elle subit sa violence.
Le contrat passé avec elle est fondé sur cette exigence que la victime l'idolâtre, se dévoue à lui corps et âme.
Il l'endoctrine au sacrifice de soi pour la bonne cause, sa cause !
Ce qu'il revendique comme valeurs n'est qu'un endoctrinement afin d'asseoir son pouvoir.
Il ne respecte en réalité aucune valeur. Il est sans foi ni loi.
Sortir de la relation d'emprise, c'est comprendre la dynamique destructrice de cette relation : le piège constitué par cette combinaison d'un excès d'altruisme et d'empathie chez la victime, avec la haine de l'amour, la volonté d'emprise du pervers narcissique.
Choisir de ne plus porter les valises de l'autre, apprendre à s'aimer davantage, à prendre soin de ses besoins est le point de départ libérateur de l'emprise. Il va permettre à la victime de désinvestir la relation pour apprendre à se protéger, mettre ses limites, ne plus accepter l'inacceptable.
Pour approfondir ces questions, vous pouvez lire mon livre "Les pervers narcissiques, 100 questions/réponses" (éd. Ellipses, 2ème édition), Christine Calonne.