La perversion narcissique est une personnalité construite exclusivement sur un "faux self".
Le "faux self" est une manière socialement adaptée de se présenter. Son apparence fait passer le pervers narcissique pour l'homme parfait ou la femme parfaite : vêtements de circonstance, beau discours, belle présentation.
Mais, le "faux self" du pervers narcissique est une coquille vide, sans vie, sans sentiments, sans valeurs.
Chez l'individu authentique, le "faux self" est présent à minima, utilisant les codes sociaux pour vivre en société, mais sans sacrifier son identité, ses émotions, ses sentiments, ses valeurs.
Par contre, le pervers narcissique n'a pas d'identité. Il a des identités d'emprunt. C'est un comédien qui enfile le costume de circonstance.
Il se moule dans l'identité de l'autre pour le vampiriser, lui prendre la vie qu'il n'a plus.
Il manipule les valeurs qu'il n'a pas acquises, les sentiments de l'autre pour l'exploiter et le détruire.
Cette vampirisation lui permet d'utiliser l'identité de l'autre pour se faire valoir à son détriment, comme un instrument au service de son désir de toute-puissance narcissique.
On ressent un malaise dans le contact, car cette apparence est dépourvue de spontanéité, d'authenticité.
Son comportement non verbal se calque sur l'ambiance, sur l'attitude de l'autre afin d'entrer dans sa bulle, afin de le séduire et d'installer l'emprise.
Il observe l'autre pour mieux mimer les gestes qui pourront toucher sa victime, les attitudes qui plairont, le discours qui ira droit au but : ferrer sa proie.
C'est une gestuelle mécanique qui crée ce malaise chez un interlocuteur en attente d'authenticité et de spontanéité. Cette attitude mécanique crée un contact froid, trop poli pour être vrai.
Cette apparence froide correspond à une attitude mentale totalement stratégique, machiavélique, malveillante.
Le pervers narcissique perçoit l'autre comme un instrument et le traite avec froideur, même s'il peut jouer la comédie du grand séducteur, utilisant les attributs du pouvoir pour intimider.
Il peut manifester aussi la capacité à se rendre indispensable pour dominer et mettre sous emprise, ou une position de victime pour attirer une âme altruiste.
Le pervers narcissique échange avec un discours habile à séduire.
Il dit à l'autre tout ce qu'il veut entendre.
Il utilise redoutablement bien le langage pour faire passer tous les messages sous une apparence "politiquement correcte".
Ce discours vise à manipuler, à obtenir le pouvoir, à diviser pour régner, hypnotiser, rendre confus son interlocuteur. Il utilise très bien la rhétorique pour séduire et persuader.
Il utilise les valeurs de l'autre de façon totalement stratégique, mais il en est dépourvu.
Ce discours est basé sur le mensonge, la capacité à transformer la réalité, à en saisir des éléments pour les assembler et en faire une nouvelle réalité.
Il est charmeur, sympathique au premier abord, mais ce masque cache une personnalité froide, destructrice, repérable dans la gestuelle mécanique et l'attitude inauthentique.
Il fait croire à une volonté d'échange, mais en réalité, il n'est prêt à aucun dialogue, aucune négociation.
Il refuse toute remise en question. Sa vision du monde et de la relation est totalitaire.
Il induit chez l'autre les comportements qu'il veut obtenir sans rien demander. Il impose ainsi sa domination, sans empathie, sans culpabilité, quitte à exercer des représailles terribles à la moindre résistance de l'autre.
Pour le pervers narcissique l'autre, en tant qu'autre, est un ennemi à abattre, à réduire à l'état de chose, à exploiter, puis à jeter.
Au premier contact, il est possible d'observer les micro-mouvements du corps que le pervers narcissique ne peut maîtriser, car on ne peut maîtriser l'inconscient : mimiques de dégoût, de mépris, d'indifférence ou de haine.
Il est possible de percevoir aussi le mensonge qu'il pratique sans culpabilité et de façon constante : dissimulation du visage, clignement des yeux, narines frémissantes, grattage du nez, corps rigide, sourire forcé, membres croisés, raclage de la gorge, ...etc.
L'agressivité va se manifester rapidement dans l'envahissement de la bulle de l'autre, son espace corporel ou sa vie privée, son intimité, par des coups de fil incessants, une pression pour s'engager dans la relation sans réflexion, ou au contraire, une tendance à se faire attendre. Puis, à la moindre résistance, à la moindre opposition, ce sont les mains aux hanches, les sourcils froncés, ...etc.
Cette observation peut entraîner très tôt le premier malaise, signal qu'il faut fuir ou prendre ses distances.