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Attachement insécure désorganisé chez l'enfant victime d'emprise parentale

Le 07 novembre 2022
Attachement insécure désorganisé chez l'enfant victime d'emprise parentale
L'attachement insécure désorganisé est la conséquence de traumatismes dans l'enfance, consécutifs à des violences ou des négligences dans la relation à un parent exerçant une emprise psychologique sur son enfant. Voici des pistes pour l'identifier.

A. L'attachement insécure désorganisé 

Le trouble de l'attachement insécure désorganisé est présent chez un enfant qui a grandi au contact d'un parent violent sur le plan psychologique, verbal, physique, sexuel, ou négligent émotionnellement. Celui-ci n'a pas été suffisamment disponible, prévisible et régulier dans ses interactions avec son enfant. Le parent violent peut se montrer imprévisible pour conserver l'emprise sur son enfant, c'est à dire le dominer et lui interdire l'autonomie. Cette emprise parentale se manifeste dans des comportements violents, mais aussi manipulateurs. Parfois, c'est un parent, mais cela peut être toute la famille qui se joint à la maltraitance. Le parent qui exerce une emprise sur son enfant n'est pas attentif à ses besoins, à ses émotions, mais il est animé par la volonté de faire de son enfant son jouet, son objet. C'est le cas du parent pervers narcissique envers sa famille.

L'enfant victime éprouve un sentiment d'insécurité face à cette indisponibilité de son parent et il finit pas ne plus vouloir exprimer ses émotions, ses besoins.

Il veut se débrouiller seul, car il a appris que la relation à l'autre n'est pas fiable. Il manifeste très jeune une volonté d'indépendance, des comportements d'adulte qui ne correspondent pas à son âge, car il ne peut exprimer ses besoins ou être entendu dans leur expression.

Cependant, il y a toujours au fond de lui une détresse, une angoisse de se sentir ainsi rejeté, abandonné et il recherche malgré tout le contact. Cette confusion entre désir anxieux de contact et évitement de la relation rend ses relations aux autres instables, confuses et conflictuelles. L'enfant victime peut ressentir simultanément les deux réactions, une angoisse, des émotions pénibles associées à la peur de perdre, d'être rejeté, mais aussi le désir de se protéger et de s'isoler pour ne pas souffrir davantage d'un rejet, d'une déception. Cependant, une des deux tendances domine malgré tout. C'est important d'identifier laquelle afin de la soigner.

Vinciane souffrait d'un trouble de l'attachement désorganisé face à l'emprise de sa mère depuis l'enfance. Elle restait loyale envers ses parents malgré les violences psychologiques et les négligences émotionnelles subies. En effet, elle culpabilisait pour tout et s'autosabotait dans ses initiatives. Elle était surtout dans l'évitement de ses émotions et de ses besoins. Cela la poussait à s'activer en tous sens pour ne pas être attentive à elle. Elle se surinvestissait pour l'éducation de ses enfants, mais elle s'oubliait elle-même. Cependant, elle se montrait distante envers ses parents et ses parents lui reprochaient. C'étaient pourtant eux qui lui avaient servi de modèles en ne lui donnant aucune affection par des gestes et des paroles, en ne manifestant aucune empathie pour sa souffrance d'enfant. Elle raconte à quel point, dans son enfance, elle souffrait de la peur des représailles, malgré ses comportements très perfectionnistes et d'enfant "sage". Par exemple, elle faisait méticuleusement son lit le matin, mais ce n'était jamais bien. Sa mère le lui disait et défaisait plusieurs fois son lit complètement en la traitant d'incapable, en hurlant sur elle. Son père et sa soeur étaient dans le déni de ces violences. Sa mère se posait en victime, se plaignait sans cesse et ils étaient aux petits soins avec elle. Vinciane se demandait si ce n'était pas elle qui était folle. Sa mère lui rappelait à chaque fois qu'elle n'arriverait à rien dans la vie. Aujourd'hui, Vinciane a intériorisé ce discours et croit qu'elle n'arrivera à rien. Elle ne fait pas aboutir ses projets.

B. Les traumatismes à l'origine de ce type d'attachement

Les traumatismes à l'origine de l'attachement insécure désorganisé sont souvent liés à des violences ou des négligences vécues au contact d'un parent violent, manipulateur et dominateur. Les enfants sous l’emprise parentale (violence psychologique, verbale, physique ou sexuelle) ou de sa famille ressentent la tension de ceux-ci.

Cette tension permanente a un effet sur le développement psychologique et cérébral. Les violences psychologiques, verbales ont autant d’impact que les violences physiques.

Cette emprise parentale a créé en eux des traumatismes. Ils se caractérisent par le sentiment d'être seul, insécurisé, impuissant.

Le stress post-traumatique complexe est la conséquence de la cumulation de traumatismes durant l'enfance.

Voici les différentes conséquences de cet attachement insécure désorganisé sur la vie de l'enfant victime d'emprise parentale :

1. Le stress : Il met en danger la santé, car il crée des troubles ou maladies de l’immunité. 

2 . L'impact sur le développement intellectuel : Un stress chronique chez l’enfant peut entraîner des séquelles sur son développement et son rendement cognitif, une diminution des capacité d’attention, de concentration et de résolution des conflits, difficultés de symbolisation, de raisonnement logique. Cela peut engendrer des échecs scolaires.

3. Des difficultés de régulation des émotions : Les enfants gardent le souvenir de ces violences (mémoire traumatique) et cela peut nuire à la régulation de leurs propres émotions (inhibition, figement ou au contraire, fortes émotions). Les enfants ont plus de difficultés à faire face et à répondre à des situations difficiles.

4. Une perte d’estime de soi et de confiance en soi : l’insécurité, le sentiment de solitude, d’isolement, d’abandon ou de rejet, la culpabilité excessive s'associent à un manque d'estime de soi. Comme l’enfant ne peut attribuer la responsabilité de son état au parent bourreau, il va s’attribuer cette responsabilité en se sentant excessivement coupable d’exister. Il ressent le sentiment de ne pas être aimé, aimable, d’être encombrant, nul, sans importance, sans valeur. Il souffre d'une apathie, d'une fatigue, de désespoir, d'un sentiment d’infériorité.

5. le sentiment d'être incapable, impuissant : il a le sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir faire face à la vie.

6. Le stress post-traumatique complexe : Il devient hypervigilant, avec parfois des crises d'angoisse, de la terreur, des manifestions physiques d'angoisse (sueurs, tremblements, palpitations, ...). Il peut exprimer des tocs, des phobies, des difficultés de concentration, de mémoire (troubles de l’attention), un dénigrement de soi, du pessimisme, un sentiment d’être mauvais, une absence de goût de vivre, de plaisir, de joie, une phobie sociale, un manque de compétences sociales, d’affirmation de soi, une tendance à être exploité, abusé, harcelé, à dire oui ou non à tout, une indifférenciation partielle ou totale soi-non soi, un effacement ou un décentrage de soi, un repli, de la prostration, une dissociation du vécu et une fuite dans l’imaginaire, dans une addiction. Il peut avoir un sentiment d’être hors de son corps. Il a des réactions d’évitement, des absences. Il peut souffrir d'une dépersonnalisation, déréalisation. Des tentatives de suicide peuvent être l'expression de cette insécurité et de ce désespoir. Il a parfois des comportements sexuels à risque à l'adolescence, des addictions. Il a des idées négatives sur lui et le monde, des émotions pénibles, une perte de capacité à ressentir les émotions agréables. Les insomnies, les troubles alimentaires, les réactions de sursaut, les cauchemars et flash-backs sont fréquents. On observe parfois des automutilations, des jeux dangereux. 

7. En cas d’identification à l’agresseur : violence, cruauté, hyperexcitation, brutalité, dénigrement, moqueries à l’égard des autres, insultes, domination, contrôle, manipulation.

8. Troubles physiques : troubles du langage (bégaiement, mutisme sélectif), de la vue, de l’ouïe, un retard de croissance, des troubles alimentaires.

9. Troubles du comportement : agressivité contre soi ou les autres, hyperactivité, voire délinquance.

10. Parentification : L'enfant victime peut être parentifié, c'est à dire devenir le parent de ses parents, en prenant soin de leurs besoins.

11. Syndrome de Stockholm : Il adopte parfois les comportements violents du parent agresseur, le protége, agresse le parent victime. C'est le syndrome de Stockholm se traduisant aussi par une idéalisation du parent agresseur.

12. Instrumentalisation : Il risque d'être instrumentalisé par celui-ci comme bras armé pour détruire le parent victime après la séparation.

13. Revictimisation : Certains de ces enfants peuvent reproduire à l'âge adulte les mêmes comportements. Ou bien, ils peuvent adopter les comportements du parent victime. L'enfant témoin de violences conjugales est lui-même victime de traumatismes (traumatismes vicariants). Il peut attirer sans le vouloir des prédateurs à l'âge adulte à cause de ce stress post-traumatique complexe, ou à cause d'une gentillesse inappropriée par rapport à la situation (manipulation agression). C'est une attitude qui est consécutive à la parentification vécue dans son enfance.

Contact

Si cette description vous parle, vous pouvez contacter Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Charneux et à Namur : +32 42 90 58 14. Vous pouvez aussi demander un rendez-vous par zoom ou skype.

La demande de contact peut se faire via le formulaire contact : https://www.psychotherapie-calonne.be/contact-psychologue-psychoterapeute.php.